dimanche 30 novembre 2014

Silvina Ocampo, La musique de la pluie

Ce petit recueil regroupe six nouvelles, extraites de Mémoires secrètes d’une poupée (Gallimard, L’imaginaire, 1993, 1ère édition, 1987).
Un musicien prodige qui ne joue qu’avec le gros orteil, sur un piano soigneusement désaccordé, les œuvres de grands compositeurs inspirées par le thème de l’eau ; une femme qui se transforme en chien ; une statue équestre vengeresse ; une jeune voyante en lutte avec ses rêves prémonitoires… Naviguant à la frontière devenue incertaine entre le rêve et la réalité, les personnages de Silvina Ocampo font surgir un monde de visions insolites et cocasses.
«De toutes les expressions qui pourraient la définir, la plus précise, je crois, serait : elle est géniale.»
Jorge Luis Borges

Pour finir le mois de la nouvelle chez Flo, je suis retournée en Argentine avec Silvina Ocampo.
Ici, rêve et réalité, mystère et fantaisie, se confondent. Les narrations à la première personne accentuent le doute, laissant le lecteur aux prises avec les apparences.
Très bien construite et fluide, Okno, l’esclave s’inscrit pleinement dans cette démarche. Ce texte présente une réflexion sur l’art, l’identité, la mise à distance d’une artiste face à l’agitation du monde.
"L’homme a pris une habitude tout à fait inutile ; il faut qu’il explique tout ; peu importe que son explication soit exacte ; ce qui importe c’est qu’il la donne et, si possible, qu’elle paraisse dans les journaux."
L’art est également au cœur de La musique de la pluie, mais sous une forme plus critique. L’auteure interroge le génie et le succès avec des touches d’humour. C’est la nouvelle la plus fantaisiste du recueil.
Dans L’automobile, un mari  ne comprend pas que sa femme aime participer à des courses. Ce point de vue masculin permet à la fois de relever des clichés sexistes et de souligner la complexité des passions.
Ce thème est décliné dans Le Destin, mais sous l’angle de l’amour secret, grâce au regard décalé d’une jeune fille sur le comportement de deux séducteurs. L’ambiguïté sur l’identité est entretenue par un jeu sur la présence, les apparences, et les prénoms. Le lecteur garde une grande liberté d’interprétation.

Les deux autres nouvelles m’ont laissé un sentiment plus mitigé. J’ai l’impression d’avoir seulement effleuré un univers plus vaste, sensible et subtil, qu'il me reste à découvrir ! 


lundi 17 novembre 2014

balades sur les blogs

Je mets à jour ma page de "balades" sur les blogs de lecture, alors n'hésitez pas à me laisser un commentaire si je vous oublie....

Merci à ceux qui cliquent sur  "+1" sous mes billets. Vous pouvez me suivre sur les réseaux sociaux, et vos commentaires sont également les bienvenus.
Malgré mes efforts pour percer les mystères de la configuration de Blogger, je ne vois pas vos profils et vos blogs si vous n'êtes pas dans mes cercles :-)

samedi 15 novembre 2014

Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou

Gallimard, 1962. "Il n'y a pas eu préméditation de ma part: en écrivant ces récits, je croyais me livrer seulement au plaisir de conter. Ce fut en relisant le recueil que je m'aperçus de son unité d'inspiration: mes démons familiers m'ont une fois de plus empêché de partir en vacances. Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne: le phénomène humain continue à m'effarer et à me faire hésiter entre l'espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court." Romain Gary.
Cette citation en 4e de couv traduit bien l’esprit du recueil. Si vous avez lu Gary, vous le reconnaîtrez dans ces pages. Sinon, ces seize textes peuvent être une belle façon de découvrir son style, ample ou plus âpre, son humour, son ironie, et les thèmes qui transcendent ses livres (pour ceux que j’ai lus) : la guerre, bien sûr, l’amour et l’art.

Simple allusion dès la première nouvelle, la guerre est au cœur de Un humaniste. Dans ce texte, un fabricant de jouets juif allemand (le thème des jouets avant Les Cerfs-volants) décide de se cacher quand Hitler arrive au pouvoir. "Il fallait patienter, laisser à l’humain le temps de se manifester, de s’orienter dans le désordre et le malentendu, et de reprendre le dessus."
La guerre réapparaît ensuite dans Noblesse et grandeur, où elle sert de prétexte à un règlement de compte personnel. Elle provoque le traumatisme d’une jeune fille dans Les habitants de la terre. Elle conduit un officier nazi à la folie dans Une page d’histoire. (Ce texte rappelle un peu les délires symboliques de La Danse de Gengis Cohn, le roman le plus déroutant que j’ai lu de Gary pour l’instant). Le nazisme pèse à nouveau sur le présent dans La plus vieille histoire du monde, lorsque, installé à La Paz, Shonenbaum retrouve un ancien ami, rescapé des camps, mais encore terrorisé.

Le deuxième thème, qui traverse ce recueil est l’art. Il est abordé dans Décadence, qui met en scène avec humour un ancien mafieux, devenu artiste en Italie, et dans J’ai soif d’innocence, sur fond de voyage à Papeete et de souvenirs de Gauguin.
Mais l’art est ici surtout associé à l’amour : la musique dans Le luth, la peinture dans Le faux, le cirque dans Les joies de la nature (le monde du spectacle sous un angle plus cru que dans Les enchanteurs), l’écriture dans Le mur, et même la photographie, grâce aux cartes postales de Tout va bien sur le Kilimandjaro. Mais chez Gary, l’amour est cruel ou doux-amer. Dans ces nouvelles, l’art trahit ou préserve les apparences, les convenances ; il semble à la fois complice et obstacle pour les personnages. Je ne veux pas trop développer, car si Gary suggère les chutes, il ménage toujours des surprises, grâce à un trait d’humour ou à la réaction inattendue d’un personnage. Il laisse aussi parfois planer le doute, un doute dérangeant dans Le luth, par exemple.

Plus que des histoires, ces nouvelles sont des portraits de femmes et d'hommes soumis à des événements dramatiques, rattrapés par leur passé, victimes de leurs propres excès, de leurs sentiments contradictoires : opportunisme, intégrité, désespoir, cupidité, naïveté. La qualité de Gary est de savoir révéler la complexité de ses personnages, le temps d’une nouvelle, parfois très courte. Il joue avec ses lecteurs, attise leurs émotions et les invite à en saisir les nuances. Même dans ses nouvelles les plus sombres, Gary n’oublie pas de glisser des touches d’espoir. Il sait décrire l'absurdité, la cruauté, en introduisant une poésie dans le style ou les sentiments. On achève chaque lecture avec un sourire amusé, troublé, ironique ou amer.

Le plus bel exemple se trouve dans Les oiseaux vont mourir au Pérou. Après une vie passée dans les conflits du XXème siècle, un homme s’installe dans un bar sur une plage, où il sauve une femme. "Il y avait en lui quelque chose qui refusait d’abandonner et qui continuait à mordre à tous les hameçons de l’espoir. Il croyait secrètement à un bonheur possible, caché au fond de la vie et qui viendrait soudain tout éclairer, à l’heure même du crépuscule. Une sorte de bêtise sacrée était en lui, une candeur qu’aucune défaite ni aucun cynisme n’étaient jamais parvenus à tuer". (Cet espoir rappelle celui de Michel dans Clair de femme).
Et plus loin: "Elle le regardait avec une telle confiance et il avait vu tant d’oiseaux venir expirer sur ces dunes que l’idée d’en sauver un, le plus beau de tous, de le protéger, de le garder pour soi, ici, au bout du monde, et de réussir ainsi sa vie en fin de course lui rendit en un instant toute sa naïveté que son sourire ironique et son air désabusé essayaient encore de cacher». Aujourd'hui, il est facile de faire un parallèle entre les oiseaux morts sur cette plage et la désir de Jean de sauver tous les goélands dans L’Angoisse du roi Salomon d’Ajar.

Enfin, ce recueil contient deux textes plus singuliers. Dans Citoyen pigeon, deux hommes d’affaires américains connaissent des difficultés liées à la crise des années Trente. Ils font un voyage à Moscou, mais la visite de la ville ouvre sur une folie surréaliste.
Gloire à nos illustres pionniers, le dernier texte, m’a beaucoup surprise, car il s’agit d’une nouvelle de science-fiction, sur fond de recherches scientifiques et de concurrence internationale. Je ne m’attendais pas à lire cette histoire, drôle et insolite !

mardi 4 novembre 2014

Julio Cortazar, Les armes secrètes


Gallimard, 1963, Folio, 1973.
Ce recueil est étonnant, car il présente une variété de styles et de choix narratifs. Ces textes ont en commun une analyse psychologique des personnages dans leur rapport au réel. Rêve, dédoublement, identité, apparences, séduction et amour, sont les thèmes récurrents. Cortázar les aborde sous des angles différents : première ou troisième personne, langage familier ou plus poétique, faits vécus directement ou rapportés par des témoins, narrateur qui s’éclipse ou change au fil des pages. Ces approches permettent au lecteur d’avoir une version plus ou moins complète et de se forger une opinion. Entre réalisme et réalisme magique, Cortázar construit son propre univers, un monde où la frontière entre le réel et l’imaginaire reste floue. Il sait aussi maintenir une complicité avec le lecteur. Lecteur, mis en scène dans "Continuité des parcs", un texte de trois pages, inclassable et finalement assez drôle. Souvent grinçantes, dérangeantes pour la cruauté qu’elles suggèrent, ces nouvelles restent à l’esprit.
Le dernier texte, L’homme à l’affût, est le portrait d’un musicien, proche de Charlie Parker, précise la préface. Très différent, il complète un recueil qui montre toute la richesse narrative de Cortázar.
Il semble que selon les rééditions, ce recueil ne comporte pas les mêmes nouvelles. Je les présente donc en quelque mots.

Dans La nuit face au ciel, un homme est hospitalisé après un accident de moto. Dès qu’il perd conscience, il se voit courir dans les marais, poursuivi par les Aztèques. Cortázar traduit bien l’interrogation entre rêve et réalité. Ce court texte, bien construit, captive par l’ambiance qu’il parvient à créer en insistant sur les sensations et les odeurs.

Axolotl est l’une de mes nouvelles préférées dans ce recueil. Troublante, elle offre au lecteur plusieurs interprétations possibles. Au jardin des Plantes, le narrateur passe des heures à observer les axolotls de l’aquarium, jusqu’à s’interroger sur sa propre identité. Conte sur l’évolution, la dualité animal-humain, la fragilité psychologique ? Cortázar sait ouvrir des réflexions plus profondes qu’il n’y paraît. "C’était des larves, mais larves veut dire masque et aussi fantôme. Derrière ces visages aztèques, inexpressifs, et cependant d’une cruauté implacable, quelle image attendait son heure ?"

Dans Circé, les deux premiers fiancés de Delia sont décédés brutalement. Mario refuse d’écouter les ragots sur ces morts suspectes. Un jeu de séduction s’installe entre le couple autour de dégustations de bonbons fourrés. Dans ce texte, Cortázar met encore l’accent sur la dualité, les apparences, l’aveuglement amoureux. Le titre pose d’emblée la question au lecteur : Delia est-elle Circé ou bien est-ce seulement une rumeur ? "Les gens mettent de tels sous-entendus partout, et il faut voir comment, de tant de nœuds accumulés, naît à la fin un morceau de tapisserie". J’aurais apprécié un jeu de miroir plus marqué.

Les portes du ciel. À Buenos Aires, un avocat assiste aux obsèques de Celina, ancienne prostituée, et épouse de l’un de ses clients, Mauro. Cortázar change de point de vue. Extérieur au drame, l’avocat qui raconte cette histoire, affiche d’abord un certain détachement : "Je me dégoûtais (…) d’être une fois de plus en train de penser ce que les autres éprouvaient." Cette indifférence se traduit ensuite en mépris pour Celina, "la petite noiraude", "la moins monstre de toutes", selon l’avocat. Ici, le thème social du texte est clairement posé. Une brève apparition de mystère contribue à le renforcer.

Dans La lointaine, Cortázar choisit encore un autre procédé narratif : le journal intime. Alina Reyes est obsédée par l’image d’une femme (son double vu en rêve ?), une femme battue : "je ne sais pas si je l’aime mais je me laisse battre, cela recommence tous les jours, alors c’est que je l’aime". Là aussi, l’aspect étrange sert un propos très concret.
Le thème de l’amour et de la violence est également présent dans Les Armes secrètes, mais dans une narration différente.

Dans Fin de jeu, pour distraire la jeune Leticia, qu’on devine handicapée, ses sœurs inventent un jeu de déguisements et de poses près de la voie de chemin de fer, à la vue des voyageurs. L’un d’eux finit par remarquer Leticia. La séduction et l’apparence sont au cœur de cette nouvelle, la plus touchante, à mon avis. Cortázar se contente ici de laisser planer le mystère, car c’est l’une des sœurs qui raconte l’histoire, mais les réponses suggérées paraissent, là encore, cruelles.

On retrouve ce procédé dans Bons et loyaux services. Une domestique est engagée pour garder des chiens lors d’une grande soirée, donnée par une famille aisée. Quelque temps plus tard, ce même couple fait encore appel à elle pour jouer la mère de M. Bébé, un couturier qui vit seul… La première partie fait sourire par le décalage de mode de vie entre cette bonne et ses employeurs. La seconde nous plonge dans un tout autre drame.

Je termine avec les Fils de la vierge, le texte le plus surréaliste du recueil, l’un de mes préférés également. Michel, un photographe amateur prend un cliché sur un pont, où se tient un couple, un jeune homme et une femme plus âgée, surveillé par un homme dans une voiture. Quand il développe la photo, la suite de la scène se poursuit sous les yeux de Michel, et elle est bien différente de celle qu’il avait imaginée. Ce texte est déroutant par son jeu de style, de changement de narration, de confusion dans le temps, et de petites digressions. "Si tant est que je sache faire quelque chose, je crois que je sais regarder. Je sais aussi que tout regard est entaché d’erreur, car c’est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie, tandis que l’odorat… (mais Michel s’éloigne facilement de son sujet, il ne faut pas le laisser déclamer à tort et à travers)".
Ce texte a inspiré le film Blow up d’Antonioni. Si le point de départ est le même que dans la nouvelle, le réalisateur développe une suite encore différente, mais qui respecte donc l’esprit du texte, puisque la photo échappe au photographe. Ce film m’avait marquée, je serais curieuse de le revoir maintenant.

Un billet pour le mois de la nouvelle chez Flo.

mercredi 22 octobre 2014

Francisco Coloane, Le passant du bout du monde


Présentation de l'éditeur, éditions Phébus, 2000
A quatre-vingt-dix ans bientôt, le vieux loup du Grand Sud nous sort un dernier tour de son sac : l’histoire de sa vie, rien de moins. Qu’on ne s’attende pourtant pas à lire une autobiographie au sens classique du mot. Coloane, depuis son enfance dans l’île de Chiloé, fouetté par les vents du large, jusqu’aux années de la notoriété dans le sillage de son ’frère’ Pablo Neruda, navigue à vue – et compose son livre à l’inspiration : un livre aussi indiscipliné que sa tignasse. Bref un récit à la Coloane, un de plus, et de grande allure. L’écrivain s’en explique : il a toujours voulu que ses livres taillent leur route aventureuse au plus près de la vie. ’J’ai veillé, dans ces dernières pages, à ce que l’écriture triche le moins possible. Au moins mes lecteurs ne seront pas dépaysés. Je leur vends cette fois encore le même alcool, tiré du même alambic, un alcool aussi peu frelaté que possible – simplement, cette dernière cuvée aura mariné un peu plus longtemps que les autres dans le tonneau’.

Le récit de Coloane est aussi riche et passionnant que celui de Conrad. Ces deux auteurs aiment osciller entre imaginaire et réalité, impressions, souci du détail,  et regard poétique. Ils font le choix de la fiction, mais si Conrad souhaite échapper à son milieu d’origine, Coloane reste attaché au sien. 
"Les marins, et parmi eux Joseph Conrad, ne disent-ils pas qu’ils appartiennent à ce grand pays sans frontière qu’est la mer ? Aujourd’hui, je n’en suis plus aussi sûr."
On comprend l'écrivain chilien en découvrant son histoire.
Coloane tente de se plier au jeu de l’autobiographie, mais il parle plus de son entourage, de son pays, de ses voyages, que de lui-même. Conteur, lorsqu’il complète ses fictions par le contexte qui les a inspirées, il reprend son ton de journaliste, quand il parle de son époque. Observateur, curieux de tout (il a exercé bien d’autres métiers), il sait regarder et écouter, les hommes, les animaux et la nature. Il délaisse même "la fantaisie et l’imagination" pour décrire Chiloe et Quemchi, où il a grandi, et tente d’inscrire l’histoire de sa famille dans celle du Chili.
Ce fils d’un capitaine de baleinier est marqué par les paysages de son enfance. D’ailleurs, il est presque né sur l’eau : "Dans la maison, une passerelle en bois reliait la cuisine à la chambre, si bien que je n’ai guère tardé à passer de la rumeur des eaux maternelles à celle des eaux de la mer."
Ami de Neruda, il évoque ici son engagement politique. Il n’en a pas fait le sujet de ses fictions (ce qui aurait été une "trahison de l’esprit" selon lui), mais ce récit permet de mieux comprendre des thèmes récurrents dans ses livres, par exemple, les violences envers les indiens ou les inégalités sociales : "il pleut beaucoup chez nous ; le ciel chilote doit laver tant de fautes que plus d’une fois j’ai senti ses reproches sur mes yeux."

Le passant du bout du monde est le récit d’un écrivain, né sur une terre cosmopolite au passé trouble, où les légendes indiennes se sont mêlées aux cultures européennes. "Il ne fait aucun doute que le monde que j’ai connu a fait de moi ce que je suis : un travailleur de la plume ou de la machine à écrire qui a transcrit sur le papier le récit, très proche de la vérité, d’expériences vécues".
Mais c’est aussi le récit d’un homme, témoin du développement économique et de toutes les guerres et crises du XXème siècle. "Il y a toujours quelqu’un devant et derrière nous dans l’espace et le temps. Ce sont les portes par lesquelles nous entrons et sortons. C’est peut-être cela la solitude de l’homme : ces portes de l’amour, de la famille, de la région du morne Lobos, et de quelque chose qu’il faut chercher bien au-delà des phares."
C’est sans doute aussi ce qui l’a conduit à beaucoup voyager. "Rien n’est plus fort que cette sensation d’être au centre de la terre ou de la mer et d’avancer vers un horizon qui ne cesse de reculer"Dans ce livre, il consacre un chapitre à une expédition en Antarctique. Il raconte aussi certains de ces voyages, notamment en Espagne et en France, à Saint-Malo, au festival « Étonnants voyageurs ». Mais le ton n'est pas celui d'un récit de voyage qui pourrait rebuter les lecteurs d'aujourd'hui. Il s'agit plus d'impressions et d'anecdotes dans un style léger qui cède toujours à la poésie.

Ces deux aspects, intéressants et indissociables, font de ce récit un magnifique voyage dans le temps, l'espace, et l'imaginaire d'un conteur, mais pour une première découverte, il est sans doute préférable de commencer par Cap Horn, Tierra del Fuego ou Le dernier mousse.

Un dernier mot sur Naufrages, éditions Phébus, 2002 et Point Seuil, 2010
Il s’agit d’une réédition, annotée par Coloane, du Routier du détroit de Magellan, de Francisco Vidal Gomez, publié en 1901. C’est l’un des livres (avec le Voyage d’un naturaliste autour du monde de Darwin) qui a le plus marqué l’auteur dans son enfance.
Il est donc intéressant de le lire à la suite du Passant. Si on s’intéresse à l’histoire maritime, bien sûr. J’ai beaucoup aimé suivre plus de quatre siècles d’histoire de la Terre de feu par le prisme des naufrages. Et j’ai appris plein de choses ! A lire avec des cartes et un dictionnaire historique.
Je ne développe pas, car c’est un peu particulier. Si vous ne savez pas distinguer babord et tribord, ce livre n’est peut-être pas pour vous, sinon, "reprenons la mer !"

mardi 7 octobre 2014

Joseph Conrad, Souvenirs personnels

Joseph Conrad, Souvenirs personnels, éditions Autrement, 2012, (livre de poche, 2013).

Présentation de l'éditeur
En 1908, Joseph Conrad est attaqué par un critique anglais sur ses origines polonaises. Belle occasion pour faire ressurgir quelques figures mythiques de son enfance, qui l'ont bercé de littérature et d'idéaux patriotiques. Cela ne l'a pas empêché d'inventer son propre destin, en répondant au double appel qui hante ses Souvenirs : celui de la mer et celui de la langue anglaise.
De Londres à Marseille, de la Malaisie vécue jusqu'au Costaguana fantasmé, ces réminiscences offrent un étonnant voyage dans sa vie et son oeuvre, au grand vent de la liberté et de l'imagination.

Ce récit est complémentaire du Miroir de la mer, que j’avais adoré. Il est intéressant tant sur le fond que sur la forme. Conrad ne suit pas de chronologie. Il raconte des souvenirs d’événements vécus, mais parfois romancés. Histoire familiale, anecdotes, impressions, opinions, lectures, et écriture sont mêlées, liées avec harmonie, sans rupture. Une construction qui révèle l’élément essentiel de ces Souvenirs : un jeu avec les lecteurs. Pour Conrad, « le romancier vit dans son œuvre. Il est là, unique réalité d’un monde inventé, au milieu d’objets d’événements et d’êtres imaginaires ».
Il n’a donc pas besoin d’entreprendre une autobiographie mais dans sa préface, Conrad insiste sur la sincérité de sa démarche, car sa réserve, son sens de la mesure ou de l’ironie ont été critiqués : « Tenter d’être profond n’est pas être insensible. Un historien des cœurs n’est pas un historien de ses émotions, pourtant, il y pénètre plus loin, tout limité qu’il soit, puisque son but est d’accéder à la source même du rire et des larmes. Le spectacle des affaires humaines méritent l’admiration et la pitié. Il est aussi digne de respect. Et n’est pas insensible celui qui lui accorde l’hommage peu démonstratif d’un soupir qui n’est pas un sanglot, d’un sourire qui n’est pas une grimace ».

L’écriture de La Folie Almayer, son premier roman, est le fil conducteur de ses souvenirs. Conrad se livre peu. Il louvoie entre sa vie et son imaginaire. Il a grandi entre la fiction et les figures marquantes de sa famille. Enfant, il lisait beaucoup (Hugo, Cervantès, Shakespeare...), les romans que son père traduisait, et surtout Dickens, « un maître pour lequel j’ai une telle admiration, ou plutôt une affection si intense et irraisonnée depuis mon enfance, que ses faiblesses mêmes me plaisent davantage que la puissance d’autres auteurs ».
Très marqué aussi par l’histoire de son pays, Conrad évoque son enfance en Pologne, ses parents, la mort de sa mère en exil, et son grand-oncle, ancien officier de l’Empire napoléonien, un personnage décrit de façon romanesque. Tous ces passages permettent de mieux comprendre pourquoi Conrad décide d’intégrer la marine britannique. Il sort de son milieu. Il préfère choisir sa vie, une évidence plus qu’un choix, explique-t-il. S’il écrit en anglais, c’est une « affaire de révélation non d’héritage ». Quitter la Pologne et devenir marin lui permet aussi d’éviter de subir le poids du passé et de sa famille. Mais il serait un peu hasardeux d’aller plus loin sur le terrain de l’analyse…

Conrad a surtout conscience d’être le « produit de son époque ». « Chaque génération a ses souvenirs », écrit-il. « Règles, principes et standards s’écroulent et disparaissent tous les jours. Peut-être sont-ils tous morts et disparus aujourd’hui. Nous vivons plus que jamais une époque libre et courageuse où les points de repère ont été détruits ; où des esprits ingénieux, s’emploient à inventer les formes des nouvelles bouées qui – c’est une pensée consolante – viendront remplacer les anciennes ».
Ces réflexions sur la littérature et la critique, son regard sur la politique soulignent l’importance de cette notion de temporalité. À cet égard, il me semble que Conrad est réellement un homme de son temps, dans un monde déjà en mutation, qui voit libertés individuelles et contraintes sociales se redéfinir.
Même si ses anecdotes incitent le lecteur à la réflexion, Conrad préfère la création et l’imaginaire à la philosophie et à la morale. Et il sait faire preuve d’humour. Par exemple, quand il raconte que l’irruption d’une femme dans son bureau l’arrache brusquement à l’écriture de Nostromo. Ou encore, lorsqu’il évoque ses examens pour obtenir ses grades dans la marine. Il s’agit plus d’un regard amusé que de traits d’esprit qu’une seule citation pourrait traduire.

Conrad conserve une certaine réserve, une distance, une forme de mystère, qu’il attribue à son passé dans la marine. Il aime transformer le réel en restant sincère. Si on a comparé Francisco Coloane et Joseph Conrad, c’est sans doute pour cette approche. Le passant du bout de monde de Coloane fera l’objet d’un prochain billet.
Ces Souvenirs personnels sont riches, j’aurais pu mettre l’accent sur d’autres aspects. Je pourrais aussi multiplier les citations. Je finis sur celle-ci : « Je me borne à aimer les lettres, mais l’amour des lettres ne fait pas un écrivain, pas plus que l’amour de la mer ne fait un marin. ».

vendredi 26 septembre 2014

mardi 23 septembre 2014

Nouveau blog

Bienvenue sur mon nouveau blog !
Vous y trouverez mes romans et mes chroniques de lectures.
Il me reste à vérifier et ajouter des liens.
Si vous rencontrez quelques difficultés en naviguant sur ces pages, n'hésitez pas à me le signaler.
Bonne visite !

samedi 5 juillet 2014

Rêve d'un chat d'appartement




Attraper un oiseau sur un balcon, ça c’est fait ! Je ne parle pas de moi, bien sûr, mais de mon fauve. Le félin qui m’a inspiré Kiwi, le chat de Lucas dans Jolek. Non, il n'a pas surpris un Conteur de lune. Il a réussi à capturer un jeune étourneau.
Il fallait choisir : enregistrer la scène ou lancer l'opération sauvetage. J’ai opté pour la seconde solution. D’abord, parce que mon félin est bien nourri (autant laisser les proies aux chats qui n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent). Ensuite, car je n’avais pas très envie de nettoyer après le carnage. Cette fois, aucun blessé !

Photo d’illustration : le chasseur, 12 ans, toujours en pleine forme, choisit une tenue camouflage.

mardi 1 juillet 2014

Janet Frame, Le jardin aveugle

Présentation de l’éditeur : Dans ce texte, Janet Frame utilise la vaste palette des perceptions sensorielles pour explorer l'ambiguïté de la communication : Erlene a cessé de parler parce que «à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche pour dire quelque chose, sa voix, de la cachette où elle se dissimulait, lui rappelait qu'il n'y avait rien à dire et pas de mots pour le dire» ; Vera, sa mère, mue par un sentiment de jalousie, de dépit et de culpabilité, est devenue aveugle à force de volonté ; et enfin Edward, son père, les a abandonnées pour retracer l'arbre généalogique d'une autre famille vivant dans un pays lointain. Ces portraits d'individus incarnent avec une rare éloquence la parole, la vie, les émotions humaines.
L’approche, l’ambiance, surprennent et intriguent. Chacun des personnages semble enfermé dans son propre univers, mais ils sont liés par la même difficulté à appréhender le temps, le langage, la solitude, et la mort.
Erlene parle seulement à Oncle Scarabée qui, installé sur l’appui de la fenêtre, fabrique des cercueils pour les haricots morts. "Les gens redoutent le silence car il est transparent ; tel une eau translucide qui laisse entrevoir chaque obstacle - qu’ils soient usés, morts, noyés, - le silence révèle les mots et les pensées au rebut que l’on a jetés là pour obscurcir son flot limpide. Et quand les gens regardent le silence de trop près, ils se retrouvent face à leur propre reflet, leurs ombres amplifiées dans les profondeurs, et cela les terrifie."
Edward fuit le silence de sa fille en partant à Londres pour s’intéresser à l’histoire des Strang, une famille qu’il ne connaît pas. "Je pleure les morts des temps anciens dont les vies sont insérées entre les grandes failles de siècles qui me sont inconnus. Je n’ai jamais entendu – sauf en imagination – les morts du passé parler, rire ou sangloter".
Troublée par le mutisme de sa fille, Vera, s’interroge, écrit, se replonge dans son passé, (l’occasion pour Janet Frame d’évoquer les paysages de son enfance dans le sud de la Nouvelle-Zélande). "Et personne ne sait à quel point le monde est usé, défiguré par le frottement incessant du regard humain sur ses tranches, ses angles et ses pages ouvertes."
En alternant la première et la troisième personne, en glissant d’un point de vue à un autre, la narration permet de donner la parole aux trois personnages, de comprendre leurs relations.
Mais il ne s’agit pas seulement de sensations. Janet Frame nous montre comment se déroule le fil de la pensée, "car les rêveries envahissent et conquièrent les territoires et, tout comme les mots, y instaurent leurs formes de dictature". Elle illustre la façon dont émotions et réflexions s’articulent, jusqu’à affecter le rapport au réel. Le silence d’Erlene pose la question du trouble mental, bien sûr (l’auteure a été internée à tort en psychiatrie), mais en restant dans la sphère poétique et romancée. "La folie n’est qu’une journée porte ouverte dans la fabrique de l’esprit", pense Véra.
L’obsession des personnages pour le langage explique ce style poétique, très imagé. Il faut trouver les mots pour s’exprimer, des mots "dont les projecteurs balaient les mers afin de secourir les pensées, ou de les mettre en garde contre les marées dangereuses, les courants contraires, les menaces de tempêtes" Erlene.
Pourtant, Janet Frame sait poser des touches d’humour, légères et subtiles, dans ce labyrinthe de pensées, très bien construit. Le lecteur n’est pas perdu, malgré ces changements de points de vue. Plus on avance dans le roman, plus le sens se dévoile. Peu à peu, Janet Frame offre des clés, pour aboutir à une fin étonnante, qui donne une autre dimension au roman ; on le déroule alors à rebours. Janet Frame mêle habilement sa propre expérience et ses préoccupations sur son époque. Pour éviter de casser l’effet, je n’en dirai pas davantage. Mais grâce à cette fin, on comprend que Janet Frame sait aussi jouer avec la perception des lecteurs.
C’était ma première rencontre avec cette auteure que j’ai envie de continuer à découvrir. Je le conseille à tous les lecteurs qui aiment sortir des sentiers battus.
Dans son billet sur Towards another summer, Flo relève également les thèmes du langage et des paysages.

D'autres avis sur ce jardin aveugle sur le blog De Litteris et sur celui d'Yvon.

lundi 30 juin 2014

Azurane

Une grand-mère fée dans la fleur de ses deux cents ans, à la recherche de son mari disparu ; une jeune humaine dégourdie et solitaire, attirée par un étang qu’on dit hanté par le démon : Azurane et Margot appartiennent à deux mondes qui se croisent et se redoutent sans jamais se rencontrer, mais parfois la réalité est plus étrange que la magie des Aëlyres...
Oskar , 2013, 176 pages.
Graphisme de Jean-François Saada, illustration de Asahi

Sélections
« Cette belle aventure fantastique va permettre à l’auteure d’aborder des thèmes importants tels la pollution, l’industrialisation à outrance, la dépression, et l’absence d’un être aimé dans une écriture belle et délicate et dont les personnages sont forts et attachants ».

... "En plus d'une histoire très intéressante, l'auteure a réussit a créer son propre monde et a se démarquer des autres livres jeunesse par une sensibilité et un regard sans fard sur notre société. Un livre qui allie aventures et sujets de société  de manière habile et sans tomber dans l'ennuyeux mais qui au contraire relance l'intérêt du lecteur grâce a une belle histoire et a des personnages attachants".

Des mêlées de lecture 
" Une histoire magique, écrite d’une plume délicate et envoûtante. (...) Un petit bijou dans la littérature enfantine. Seul regret j’aimerais d’autres aventures d’Azurane et de son petit fils."

Entre les pages
http://entrelespages.wordpress.com/2013/12/29/azurane/
"L'intrigue principale est un joli subterfuge entraînant enrobé d'une fine poudre magique qui reste collée sur les doigts après la lecture."

Livres Ados
http://cdilumiere.over-blog.com/2014/01/azurane-na%C3%AFk-feillet-oskar-fantasy-2013.html

"Un joli récit doux et poétique".



Jolek, le conteur de lune



Épuisé

Naïk Feillet, Jolek le Conteur de lune, éditions du Seuil, collection Chapitre, octobre 2009, 150p. 8,50€
Illustration de couverture, Laura Csajagi.
4e de couverture...« Le lutin claqua des doigts, et la lampe s’orienta vers l’espace libéré, transformé en scène de théâtre. »

À 10 ans, Lucas se ridiculise sur scène pour le spectacle de Noël et décide de renoncer au théâtre ! En pleine nuit, il surprend alors un mystérieux visiteur : Jolek. Le Conteur de lune est venu lui présenter trois histoires merveilleuses pour le réconforter. L’inconstance d’un Farfadet, la persévérance d’une Conteuse et le courage d’une Sirène surprennent Lucas… Mais parviendront-ils à lui redonner confiance ?


À travers les talents de Jolek, Naïk Feillet nous offre un roman où s’invitent les personnages étranges et l’univers fantastique de trois contes.

Jolek est venu pour souffler un rêve agréable à l'oreille de Lucas pendant son sommeil, mais le chat, Kiwi, confond le lutin avec une souris et réussit à le capturer !

Grâce à son chat, Lucas découvre les trois histoires de Jolek, sur la scène improvisée par le Conteur...

... Le voyage de Férogan, un Farfadet géographe, éternel insatisfait!
... Noline, la Conteuse de lune, bien décidée à aider Rosa, une jeune humaine maltraitée par son père.
... Le rocher de granit rouge, témoin fidèle de l'amour interdit de Naliéga, une jeune Sirène, et de Galénod, un Ondin.


Sélecionné pour le prix littéraire 6ème, 2013-2014, CDI collège LeClos-Ferbois


http://clg-le-clos-ferbois-jargeau.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?article485

Prix littéraire de la la Circonscription  Sud-Saint-Baume, organisé par la médiathèque de Sanary : le palmarès
Jolek a été récompensé par de jeunes lecteurs de CM2.

Un grand merci aux élèves, bibliothécaires et  professeurs qui ont aimé mon Conteur de lune !
juin 2011

La revue "Nous voulons lire !"
"Chacune de ces nouvelles constitue une évocation subtile d'un monde un irréel, mais proche de l'enfant. Les jeunes lecteurs pourront être sensibles à leur délicatesse."
septembre 2010


La revue des livres pour enfants, ici, sur le site de La joie par les livres
"
Les enfants aiment à s'inventer des personnages imaginaires comme Jolek et l'auteur a su rendre cette atmosphère particulière dans laquelle Lucas vit à la frontière du monde réel et du monde imaginaire, frontière que l'on traverse facilement."
janvier 2010
 


 Khimaira
"Naïk Feillet fait preuve d'une grande maîtrise et écrit dans un style fluide très agréable.
Cet ouvrage rime également avec plaisir de lecture. (...)
Réservé aux plus jeunes (à partir de 10 ans), les plus âgés auraient tort de bouder ce petit chef d'œuvre plein de sincérité. A lire en famille.
"
12 avril 2010


Dans la Revue belge de la littérature de jeunesse, Libbylit de janvier-février 2010
"Lucas est désolé, il s'est lamentablement ridiculisé lors de la représentation théâtrale de son école. Enfermé dans sa chambre, il cuve son dépit quand son chat lui ramène une drôle de souris. Un farfadet minuscule nommé Jolek qui va passer la nuit à lui raconter des histoires plus merveilleuses les unes que les autres. Sera-ce suffisant pour lui redonner confiance?
Voici une bien mignonne petite histoire. En plus, on en a trois pour le prix d'une et une jolie réflexion sur la confiance en soi."


Sur le blog Enfantipages
... "Naïk Feillet fait se joindre d'une plume sûre le monde des humains et celui des créatures imaginaires. Une plongée pleine de délicatesse et de tendresse dans l'univers du rêve qui vient si souvent aider les enfants à vivre et à sourire. A lire dès 11 ans.
A.L."
25 janvier 2010

L'Hebdo des Notes
Extrait
... "Cette lecture se pare de vertus pédagogiques: le chemin du conte et l'univers fantastique de ses héros permet à l'auteur de distraire tout en faisant référence aux valeurs humanistes"

22 décembre 2009

Les chroniques de l'imaginaire
..
. "Cette jolie histoire, à destination des enfants à partir de dix ans, a pour personnage principal un petit garçon du même âge. Cette similitude, ainsi que la justesse de ton employée par l'auteur, facilite l'identification par les enfants.
La forme est originale : trois contes insérés dans la trame principale de l'histoire font plonger le lecteur dans un univers merveilleux peuplé de lutins, de farfadets et de sirènes. Chacun des trois contes comporte une morale bien intégrée à l'histoire, qui encourage la persévérance pour vaincre les complexes et tracas quotidiens des petits et des grands. Le message est intéressant : on peut retrouver confiance en soi grâce au pouvoir des histoires et de l'imagination."
23 novembre 2009

Les Histoires sans fin
... "Jolek le conteur de lune contient donc quatre histoires ! Merveilleuses, enchanteresses et sources de réflexions, ces étonnantes intrigues sont pleine de magie et de suspense. Délectez-vous-en le soir, bien au chaud dans votre lit. Puis... laissez la magie agir dans vos rêves !"
10 novembre 2009

Sur le blog Otium
... "Subtils, ces récits se lisent avec plaisir, grâce à une écriture dynamique.
Bilan : des histoires bien écrites qui créent des univers développés et encouragent les interprétations. "

9 novembre 2009

Sophie Lenoir, du magazine
Interlignage a consacré un article à Jolek.
Extrait :
"Dans ses trois contes originaux, elle parle de quête de soi, d’audace et de tolérance. En abordant des sujets parfois sombres, mais toujours dans le but de nous éclairer. On sourit, on rit parfois, et on referme ce petit livre en espérant que cette nuit, c’est à nous que Jolek rendra visite, pour que ses histoires nourrissent nos rêves un peu trop plats. La créatrice du conteur de lune a décidément une plume que doit lui envier l’ami Pierrot…"
8 novembre 2009

Grâce à BoB, Jolek va maintenant rendre visite à Biblio, Herisson08, Heureuse, Stéphie et Yv.
8 novembre 2009

Les enfants des éléments

Les enfants des Eléments et le Cristal des Mages
Editions Odin, décembre 2006


Le matin de son départ en colonie de vacances dans un manoir breton, Poséia se réveille en sursaut après un rêve étrange : un homme et une femme lui apprennent qu'elle est la fille de l'Eau et qu'elle doit retrouver les autres enfants des Éléments pour accomplir une mission dans le monde des Mages. Parmi les pensionnaires du manoir d'Arlenn, Poséia parvient à  reconnaître, Ghéa, la fille de la Terre, Léo, le fils de l'Air et Tan, le fils du Feu.
Dans le monde des Mages, les quatre adolescents rencontrent Luxis et Gred, les Gardiens de la Porte que Poséia a vus en rêve. Ils leur confient la mission de trouver un cristal qui contient toutes les magies. Les enfants des Eléments doivent protéger cette pierre mythique et découvrir quel sombre personnage veut s'en emparer. Mais ils sont confrontés à un monde inconnu, peuplé de créatures étranges... 

Les enfants des Eléments et la disparition d'Herbiane
Editions Odin, novembre 2007

Poséia, Ghéa, Léo et Tan, les enfants des Éléments, ne pensaient pas revenir aussi vite dans le monde des Mages, mais la fée Herbiane, l’herboriste la plus douée de la péninsule du Ponant, a été enlevée… Confrontés à d’étranges fauves-hurleurs et à des grawacs, des guerriers redoutables, les enfants des Éléments découvrent que leur vieil ennemi Magle est le seul à pouvoir les aider à retrouver la fée. Qui a effacé le souvenir du livre de mémoire ? Quels secrets cachent la dague de Drinan et la curieuse filésia ? Les enfants des Éléments n’ont que quelques jours pour percer ces mystères et retrouver Herbiane…
Graphisme et illustrations : Mette Morskogen


Quelques avis

" Une histoire pleine de suspens qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout et le plonge dans un univers onirique où chaque instant devient merveilleux. "
Marion Loudiyi, Centre Presse, 27 février 2007

"Un livre que les ados vont adorer, dès 10 ans, tout comme les adultes", Centre Presse, 10 décembre 2007


" Dans ce livre à l’écriture ciselé et au style pétillant offert à toutes les générations on se laisse prendre au jeu en naviguant au fil des 373 pages dans un monde étrange à mi-chemin entre rêve et réalité où le fantastique le dispute au merveilleux décrit avec finesse par une jeune romancière au vrai talent "Yvon Vergnol, Sud Ouest, 6 août 2007
 

"Le lecteur est pris par la magie des récits parfaitement montés et fort bien écrits. Des livres de jeunesse pour lecteurs de tous âges. Et vivement la suite !"Yannick Pelletier, Ouest France, 4 février 2008

Commentaire de Mélanie sur le Cristal des Mages, laissé sur  mon ancien blog :
« Bonjour , j'ai 15 ans et j'ai adoré votre livre , je n'ai lu que le 1er tome et j'ai hâte de lire le second. Certes l'intrigue est assez banal, mais l'écriture est géniale, les descriptions m'on rapidemment mis dans l'histoire et la fin est superbe. J'ai particulièrement aimé le passage de la lettre de Morvan et celle de Poséia :D »

Charles Dickens, Un conte de Noël

(Publié le 24 Décembre 2009)
Charles Dickens, Le drôle de Noël de Scrooge, édition originale, 1843, Le livre de poche, septembre 2009.
Présentation de l'éditeur
Le soir de Noël, un vieil homme égoïste et solitaire choisit de passer la soirée seul. Mais les esprits de Noël en ont décidé autrement. L'entraînant tour à tour dans son passé, son présent et son futur, les trois spectres lui montrent ce que sera son avenir s'il persiste à ignorer que le bonheur existe, même dans le quotidien le plus ordinaire.
Souvent adaptée, cette histoire est sans doute l'une des plus connues de Charles Dickens. Bien sûr, il faut l'aborder comme un conte, sans oublier le contexte dans lequel l'auteur l'a écrite. Mais le ton,  l'humour et le style de Dickens la rendent encore très accessible aujourd'hui.

Même en connaissant l'histoire, la magie opère toujours grâce à une construction très bien équilibrée. La narration invite habilement le lecteur à suivre le personnage de Scrooge que l'on apprend à mieux comprendre au fil de ses voyages avec les esprits de Noël. J'ai particulièrement aimé les descriptions des spectres, et tous ces petits détails dans les décors ou les vêtements. Je ne regrette pas d'avoir relu ce grand classique dans la langue de Dickens, une façon très agréable de redecouvrir ce conte dans toute sa poésie.


Jane Austen, Raison et sentiments

(Publié le 5 Décembre 2009)
Jane Austen, Raison et sentiments, 10/18, 382p.

Présentation de l'éditeur
Raison et sentiments sont joués par deux soeurs, Elinor et Marianne Dashwood. Elinor représente la raison, Marianne le sentiment. La raison a raison de l'imprudence du sentiment, que la trahison du beau et lâche Willoughby, dernier séducteur du XVIIIè siècle, rendra raisonnable à la fin. Mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines, un jour de pluie et de vent.

J'étais contente de retrouver l'univers de Jane Austen, même si je connaissais déjà l'histoire de ce roman. J'avais aimé l'adaptation d'Ang Lee et les très belles interprétations d'Emma Thompson, dans le rôle d'Elinor, et de Kate Winslet, dans celui de Marianne.
J'ai apprécié à nouveau le talent de Jane Austen pour restituer les ambiances de la sphère féminine, les sous-entendus, les regards, les attitudes, tous ces petits détails qui forgent les amitiés et les inimitiés sous le vernis de la bienséance. Jane Austen sait décrire les rêves et les aspirations confrontés aux contraintes sociales, en particulier au mariage, si déterminant dans le destin des femmes de cette époque et de ce milieu. En donnant quelques traits caractéristiques, elle nous permet de comprendre facilement ses personnages. Cet aspect m'a beaucoup plus intéressée que le côté sentimental, très développé et bien traité dans ce roman, mais qui me touche moins.
L'opposition entre Marianne et Elinor tient toute l'intrigue, sur la dualité profonde  entre la raison et les sentiments, bien sûr. Passionnée, rêvant d'amour idéal, Marianne refuse de céder aux convenances, tandis qu'Elinor, réservée, dévouée, en reste prisonnière. Les deux sont attachantes, même si je suis plus sensible au personnage d'Elinor, plus nuancé et subtil.
Marianne "Il lui était impossible de dire le contraire de ce qu'elle pensait, même dans les occasions les plus banales; et c'est en conséquence, sur Elinor que retombait la tâche de mentir lorsque la politesse l'exigeait".
Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, en particulier Fanny, calculatrice et sournoise, et Lucy, qui apparaît assez naïve au début du roman pour se révéler ensuite beaucoup moins lisse. La description des réactions d'Elinor, lorsque Lucy lui annonce ses fiançailles avec Edward, est réellement émouvante. Ce passage reste l'un de mes préférés du roman.
Elinor "était plus forte seule, et son bon sens la soutenait si bien que sa maîtrise d'elle-même était sûre, son apparence de gaité aussi invariable qu'il était possible de l'imaginer sous l'empire de regrets  aussi poignants et aussi récents".

Je connais encore trop peu l'oeuvre de Jane Austen et l'histoire de la société anglaise du début du XIXe siècle pour apprécier toute la richesse et la subtilité du roman.
En revanche, en lisant le livre après avoir vu le film, j'avais en tête les décors et le jeu des acteurs. Je peux maintenant confirmer ce que je supposais : l'adaptation d'Ang Lee, fidèle au texte et à l'esprit du roman est vraiment très réussie !

L'avis de Yue, celui d'Isil,