(Publié le 5 février 2009)
Francisco Coloane, Cap horn, Phébus, 2005, 182p. (édition originale,
1941)
Présentation de l'éditeur
De tous les livres qu'il a laissés. Coloane aimait à rappeler que si Tierra
del Fuego était son préféré, ses lecteurs, eux, avaient toujours placé Cap Horn
au plus haut. Entre les deux recueils, c'est au reste le même monde qui déploie
ses noirs prestiges : ce Grand Sud chilien balayé par tous les vents de
l'enfer, terre de désolation et école de solitude. Le climat brutal des récits,
le traitement si particulier de la narration - débarrassée de toute "
littérature " -, le style abrupt : autant d'éléments communs à ces deux
volumes jumeaux qui semblent avoir été composés d'une seule coulée. Une fois de
plus, Coloane raconte à son lecteur des histoires qui l'empêcheront de dormir -
mais qui l'aideront à respirer en secrète harmonie avec le monde.
Cap Horn est un recueil de nouvelles qui décrit la vie sur la Terre de Feu, dans les estancias. Là, les hommes côtoient les
moutons, les chevaux, les chiens, les guanacos, les caranchos et les phoques.
Pris par les contraintes sociales et économiques, ils sont liés à cette terre et à ses règles de vie, si particulières. Territoire de liberté, pour les uns ; prison, pour les autres.
"La vie est dure et on reçoit tellement de coups qu’on finit par ne plus les sentir" dit un
berger dans "Chiens, chevaux, hommes".
La nature est ici bien plus qu’un simple cadre ; Coloane en montre la beauté et la fureur. Le climat et l’isolement peuvent conduire
les hommes à imaginer bien des choses, voire à perdre la raison (dans "La
voix du vent", notamment).
Le style, âpre, brutal, est plus imagé et poétique que dans Le dernier mousse.
Mais, et c’est sa grande qualité, il reste évocateur sans excès de longueur.
« La Pajarera est une île allongée aux allures de monstre marin
échoué, dont la crête courbée, cinglée par les violentes tempêtes du Cap Horn,
semble braver les éléments et vomir des rochers déchiquetés sur lesquels la mer
vient inlassablement se briser. »
Les scènes de chasse et de violence, très réalistes, peuvent être assez difficiles à
lire.
Francisco Coloane laisse un doute et entretient le mystère, dans des textes proches de légendes, à la limite du fantastique. ("L’iceberg de kanasaka", "Le supplice de l’eau et de la lune", "La vengeance de la mer", "La dernière contrebande"…). D'autres histoires sont plus glaçantes ("Flamenco", "Le Vellonero", "Cururo", "Cap Horn"...)
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