(Publié le 5 Juin 2007)
Henry James, Recueil de 4 nouvelles, éditions Rivage.
Owen Wingrave, 1892
Mrs Wingrave veut dissuader son fils Owen de renoncer à sa
carrière militaire. Elle invite Mr Coyle, le moniteur d'Owen, au manoir de
Paramore, où les traces de la tradition militaire sont omniprésentes, des
tableaux de glorieux ancêtres à une mystérieuse "chambre
blanche". Pourtant, Coyle comprend que ses efforts son vains : Owen
est jeune homme écoeuré par la guerre.
Peter Baron, en quête de succès littéraire, découvre par hasard dans le
tiroir secret d'un bureau récemment acquis, des lettres de Sir Dominck Ferrand
; or, elles pourraient ternir la mémoire de cet homme
d'Etat. Alertée par une intuition, Mrs Ryves demande à Baron, son
voisin, de brûler ces lettres.
La vie privée, 1892
Lors de vacances en Suisse où se retrouvent plusieurs artistes, le
narrateur et Blanche Adney, une actrice en quête d'un grand rôle, découvrent
que pendant que Clare Wawdrey, l'auteur à succès, discute dans le
salon, son "double" écrit dans sa chambre. Quant à Lady
Mellifond, elle s'inquiète pour son mari
qui semble "apparaître" seulement en public.
Le coin plaisant, 1908
Spencer Brydon, de retour de New York après 33 années d'absence,
retrouve la maison de son enfance et s'interroge sur sa vie et ses choix. Dans
la maison familiale, une présence l'obsède, et Spencer commence à
"hanter" les lieux à la recherche d'un fantôme.
Ces 4 textes ont pour point commun les thèmes de l'identité et du
choix, révélés par l'apparition d'un élément fantastique. La maison hantée
pour le rejet de la tradition familiale dans « Owen Wingrave »,
l'intuition reliée à un objet et la persistance du lien de parenté dans « Sir
Dominick Ferrand », le dédoublement pour opposer l'identité sociale à
l'identité profonde dans « La vie privée », encore le dédoublement et
la maison hantée pour la remise en cause des choix et de
l'identité dans « Le coin plaisant ».
Dans ces nouvelles d'Henry James, comme dans d'autres, l'élément
fantastique intervient progressivement et contribue, avec le style
naturellement, à créer une ambiance étrange. C'est un aspect qui se
retrouve notamment dans certaines nouvelles de Mérimée. (Henry James
avait traduit « La Vénus d'Ille »). Je connaissais peu les œuvres
d'Henry James. J'avais lu Les
papiers d'Aspern (1888) quand j'étais adolescente ; Sir Dominick
Ferrand aborde également le thème de documents cachés dans un
bureau, sous un angle différent.
Ces quatre nouvelles reprennent également des sujets de
prédilection de Henry James : la description d'une personnalité en
particulier et des liens sociaux, ou encore l'écrivain et le
travail de l'écriture. Un exemple dans « Sir Dominick Ferrand »,
lorsque l'éditeur de Baron lui demande de revoir son texte : « Perter baron se sentait dans l'alternative
de décider s'il n'était pas assez intelligent, ou simplement pas assez abject
pour réécrire son histoire. Il eut pu en vérité avoir moins d'orgueil s'il
avait eu plus d'habileté, et plus de discernement s'il avait eu plus de
pratique. L'humilité, dans le métier des lettres, constitue la moitié de la
pratique, et la résignation, la moitié du succès »
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