lundi 30 juin 2014

Paul Féval, La fée des grèves

(Publié le 9 Octobre 2009)

Paul Féval, La fée des grèves, Hachette, 1952, 251p. 
Edition originale, 1850.

Ce titre a attiré mon attention, car il appartient aux récits bretons de Féval. Il n'a pas été réédité récemment, mais on peut le trouver en bibliothèque ou chez un bouquiniste.

En 1450, le duc François de Bretagne se rend en pèlerinage au Mont-Saint-Michel après la mort de son frère M. Gilles. Mais Hue de Maurever, l'écuyer de Gilles, accuse le duc de fratricide. Pourchassé par les hommes du duc, Hue se réfugie à Tombelaine et trouve l'appui de sa fille Reine et d'Aubry de Kergariou.


Sur un rythme enlevé, ce livre nous plonge dans la Bretagne du XVème siècle... dans l'esprit romanesque des romans du XIXème siècle ! On y retrouve des intrigues politiques, des combats, et des histoires d'amour, bien sûr !  On y découvre également des personnages passionnés, de courageux chevaliers et de traîtres sans scrupule, sans oublier une note comique, apportée par le frère Bruno, un grand bavard qui connaît nombre d'histoires ! Mais les personnages féminins, Reine de Maurever et Simonette ne sont ni effacés ni trop mièvres,  ce qui est appréciable.
L'originalité de ce livre est de mêler le roman, l'histoire et les légendes bretonnes. Féval adopte un ton de conteur et  insère dans son récit une soirée de veillée; naturellement, l'un de ses personnages raconte  la légende de la fée des grèves qui hante la baie du Mont-Saint-Michel. Ces petits récits ajoutent une touche de mystère qui me plaît beaucoup. "La grève, comme un magique miroir, trahit alors les secrets d'un monde qui n'est pas le monde des hommes." 
Paul Féval offre de très belles descriptions de la baie du Mont-Saint-Michel, poétiques et imagées, mais qui ne ralentissent jamais le rythme du récit. Celle de la traversée de la baie dans la brume, de Tombelaine à l'abbaye, est particulièrement réussie.

Très bon feuilletoniste, doué d'une grande aisance d'écriture, Paul  Féval s'adresse parfois directement au lecteur. Il a également le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, ce qui rend la lecture encore plus agréable. Enfin, on comprend bien tout son attachement à la Bretagne ; et même quand il se moque un peu du caractère breton, il le fait toujours avec tendresse.
Mais pour régler la question géographique, je cite le dicton que Féval rappelle :
"Li Couësnon a fait folie:
Si est le mont en Normandie..."
(Le Couesnon est une rivière dont le cours s'est déplacé au fil des siècles.)

Pour l'anecdote...
"On dit que parfois, quand le vent du nord-ouest laboure profondément les eaux de la baie, on dit que l'oeil du matelot découvre d'étranges mystères entres les deux monts et les îles Chaussey. Ce sont des villages entiers, ensevelis sous les flots, des villages avec leurs chaumières et le clocher de leur église. Des villages dont les noms sont: Bourgneuf, Tommen, Saint-Etienne-en-Paluel, Saint-Louis, Mauny, Epinac, La Feillette, et d'autres encore. Dans les villages noyés dont les cadavres pâles gisent dans les sables avec les débris des naufrages et les grands troncs de la forêt de Scissy. L'océan a mis des siècles dans sa lutte sans pardon contre la pauvre terre de Bretagne. L'océan, vainqueur, dort maintenant sur le champ de bataille."

Féval précise qu'il existe des sources de l'existence de ces villages, et l'un d'eux m'a fait sourire. Mon nom ne vient pas de ce bourg englouti, ma famille paternelle est originaire de la région de Saint-Brieuc.

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