(Publié
le 9 Octobre 2009)
Paul Féval, La fée des grèves, Hachette, 1952, 251p.
Edition originale, 1850.
Edition originale, 1850.
Ce titre a attiré mon attention, car il appartient aux récits bretons de Féval.
Il n'a pas été réédité récemment, mais on peut le trouver en bibliothèque
ou chez un bouquiniste.
En 1450, le duc François de Bretagne se rend
en pèlerinage au Mont-Saint-Michel après la mort de son frère M. Gilles.
Mais Hue de Maurever, l'écuyer de Gilles, accuse le duc de
fratricide. Pourchassé par les hommes du duc, Hue se réfugie à
Tombelaine et trouve l'appui de sa fille Reine et d'Aubry de Kergariou.
Sur un rythme enlevé, ce livre nous plonge dans la Bretagne du XVème
siècle... dans l'esprit romanesque des romans du XIXème siècle ! On y retrouve des intrigues politiques, des combats, et des histoires d'amour,
bien sûr ! On y découvre également des personnages passionnés,
de courageux chevaliers et de traîtres sans scrupule, sans
oublier une note comique, apportée par le frère Bruno, un grand bavard qui
connaît nombre d'histoires ! Mais les personnages féminins, Reine de
Maurever et Simonette ne sont ni effacés ni trop mièvres, ce qui est
appréciable.
L'originalité de ce livre est de mêler le roman, l'histoire et les
légendes bretonnes. Féval adopte un ton de conteur et insère dans
son récit une soirée de veillée; naturellement, l'un de ses personnages
raconte la légende de la fée des grèves qui hante la baie du
Mont-Saint-Michel. Ces petits récits ajoutent une touche de mystère qui me plaît beaucoup. "La grève, comme un magique miroir,
trahit alors les secrets d'un monde qui n'est pas le monde des hommes."
Paul Féval offre de très belles descriptions de la baie du
Mont-Saint-Michel, poétiques et imagées, mais qui ne ralentissent jamais le
rythme du récit. Celle de la traversée de la baie dans la brume, de
Tombelaine à l'abbaye, est particulièrement réussie.
Très bon feuilletoniste, doué d'une grande aisance d'écriture, Paul
Féval s'adresse parfois directement au lecteur. Il a également
le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, ce qui rend la lecture
encore plus agréable. Enfin, on comprend bien tout son attachement à la Bretagne ; et même quand
il se moque un peu du caractère breton, il le fait toujours avec
tendresse.
Mais pour régler la question géographique, je cite le dicton que Féval
rappelle :
"Li Couësnon a fait folie:
Si est le mont en Normandie..."
(Le Couesnon est une rivière dont le cours
s'est déplacé au fil des siècles.)
Pour l'anecdote...
"On dit que parfois, quand le vent du
nord-ouest laboure profondément les eaux de la baie, on dit que l'oeil du
matelot découvre d'étranges mystères entres les deux monts et les îles
Chaussey. Ce sont des villages entiers, ensevelis sous les flots, des villages
avec leurs chaumières et le clocher de leur église. Des villages dont les noms
sont: Bourgneuf, Tommen, Saint-Etienne-en-Paluel, Saint-Louis, Mauny, Epinac, La
Feillette, et d'autres encore. Dans les villages noyés dont les cadavres
pâles gisent dans les sables avec les débris des naufrages et les grands troncs
de la forêt de Scissy. L'océan a mis des siècles dans sa lutte sans pardon
contre la pauvre terre de Bretagne. L'océan, vainqueur, dort maintenant sur le
champ de bataille."
Féval précise qu'il existe des sources de l'existence de ces villages, et l'un
d'eux m'a fait sourire. Mon nom ne vient pas de ce bourg englouti, ma famille paternelle est
originaire de la région de Saint-Brieuc.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire