lundi 30 juin 2014

Pouchkine, La fille du capitaine

(Publié le 29 Juin 2009)
Alexandre Pouchkine, La fille du capitaine, Folio classique, 2005, 258p ; Editions originale, 1836.
Présentation de l'éditeur
Nous sommes en 1773: en route pour un fortin perdu au milieu de la steppe, où il doit faire ses premières armes d'officier, Piotr Griniov voit surgir de la tempête de neige un vagabond dans lequel il reconnaîtra bientôt l'usurpateur Pougatchov. Les aventures alors s'enchaînent. Dans ce premier roman qui est l'un de ses derniers chefs-d'œuvre, et qui ouvre l'âge d'or de la prose russe du XIXe siècle, Pouchkine a réussi à camper, à travers un roman d'amour à l'ancienne mode, un tableau plein de saveur de la société russe de la fin du XVIIIe siècle, et surtout à mettre en scène une relation paradoxale, mais symbolique, entre un représentant de l'élite européanisée de la nouvelle Russie et un homme du peuple incarnant l'élément national turbulent dont il est, bon gré mal gré, l'héritier.

Je continue à découvrir les grands classiques de la littérature russe avec l'un de ses plus illustres représentants. J'ai d'abord été surprise par la narration, le rythme enlevé et le style agréable, sobre, même si j'ai eu quelques difficultés à me familiariser avec certains noms et mots russes. Ce roman m'aurait sans aucun doute bien plus marquée si je l'avais lu à l'adolescence, mais je me suis tout de même laissée emporter par cette lecture.

Complots, trahisons et amours, ce récit  d'aventure réunit tous les éléments qui rendent la lecture prenante. Pourtant, un seul personnage a rapidement capté tout mon intérêt: Pougatchev, "l'usurpateur" qui mène la révolte des Yaik et prétend renverser le Tsar. Pouchkine le décrit comme un homme charismatique. Il se place à une distance qui permet de percevoir la complexité du personnage tout en préservant une part de mystère. Face au cosaque, Griniev, le narrateur, paraît d'abord bien fade. Jeune oisif, insouciant, il se révèle cependant au long du roman, grâce à son expérience militaire, mais aussi et surtout, grâce à sa rencontre avec Marie, la fille du capitaine.
Pougatchev a de la sympathie pour Griniev. Malgré l'opposition politique, le narrateur  semble fasciné par le cosaque ; il le désapprouve, mais on perçoit un sentiment de crainte et de respect. L'ambiguïté de leur relation est l'intérêt principal du roman, comme le souligne la présentation de l'éditeur.

Dans Les enchanteurs, Romain Gary dresse un portrait plus sombre de Pougatchev et des massacres commis par ses troupes, même si dans les deux romans, les narrateurs attirent la clémence du cosaque. Gary porte un autre regard sur cette période de l'histoire russe ; il serait sans doute intéressant de détailler ces représentations. Romain Gary évoque également Pouchkine dans ce roman  et dans le texte "A bout de souffle", extrait du recueil L'orage.

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