(Publié le 26
Septembre 2008)
Jane Austen, Lady Susan, Folio, 116p.
Dans ce court roman
épistolaire, Jane Austen dresse un portrait féminin délectable. Lady Susan, veuve et sans fortune, est une séductrice au caractère fourbe
et calculateur, mais qui reste à la fois détestable et
attachante.
"En même temps et
sous le même toit, réussir à toucher le coeur de deux hommes qui, ni l'un ni
l'autre, n'étaient libre d'aimer - et tout cela sans posséder le charme de la
jeunesse ! "
La forme épistolaire
donne un intérêt particulier à cette courte intrigue, car elle permet au
lecteur de saisir les deux aspects de la personnalité des personnages : les
pensées avouées, les remarques qu'il est préférable de taire, par courtoisie ou
bienséance. Au fil des lettres, le lecteur suit et décrypte le comportement de
Lady Susan, la façon astucieuse et audacieuse avec laquelle elle sait tourner
les situations à son avantage. Sur Réginald, le jeune homme qu'elle séduit,
elle écrit : "Il y a quelque chose de
satisfaisant dans une sensibilité dont il est facile de jouer. Ce n'est pas que
je la lui envie ou que je voudrais pour rien au monde avoir la même. Mais il
est bien commode de la rencontrer lorsqu'on souhaite agir sur les passions
d'autrui."
Obtenir un mariage
convenable (et profitable) pour elle-même et pour sa fille est son seul
objectif ; elle s'y emploie avec beaucoup d'insistance et d'habileté. Pour sa
fille, elle décide "de l'incliner à ce
choix en rendant sa vie parfaitement insupportable aussi longtemps qu'elle
n'aura pas accepté ce parti".
Elle
ajoute : "Posséder le français,
l'italien, l'allemand, la musique, le chant, le dessin, etc. vaudra quelques
applaudissement à une femme mais n'ajoutera pas un seul prétendant à sa liste.
La grâce et les manières, après tout, sont ce qui compte le plus."
En lisant ce passage, j'ai naturellement
pensé à mes précédentes lectures de Jane Austen, où il est également question
de l'éducation des femmes.
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