lundi 30 juin 2014

Tennessee Williams, Un tramway...

(Publié le 4 Juin 2009)


Doux oiseau de jeunesse, 1959
Chance, qui rêve de gloire et de cinéma, retourne dans la ville de son enfance, accompagné de Princess, star dont la carrière périclite. Il espère y retrouver son premier amour mais l'accueil est particulièrement froid et hostile.

Un tramway nommé désir, 1947,10/18, 2003
A la Nouvelle Orléans, Blanche Dubois vient habiter chez sa soeur, qui avait quitté la plantation familiale pour se marier avec Stanley Kowalsky. La cohabitation se révèle difficile, car Blanche et Stanley éprouvent des sentiments ambigus.

La ménagerie de verre, 1945, 10/18, 2006, 310p.
A Saint Louis, Amanda, abandonnée par son mari, est une mère possessive qui vit dans le regret de sa jeunesse. Elle est obsédée par l'idée de trouver un homme qui prendra soin de sa fille Laura, dont la santé physique et psychologique est très fragile. Elle fait supporter à son fils Tom le poids matériel et affectif de leur situation.

A défaut de voir ces pièces sur scène, j'ai eu envie de les lire en anglais (éditions Penguin). En français, certaines sont publiées dans la collection "domaine étranger" des éditions 10/18.

Les personnages de Tennessee Williams sont profondément ancrés dans leur époque mais ils sont prisonniers du poids des convenances, des apparences, des non-dits. Ils apparaissent fragilisés, écartelés entre leurs désirs, leurs obligations, les contraintes du temps et la pression sociale. Ce sentiment de solitude et de frustration entraîne des réactions de colère et de révolte, pour Chance et Tom par exemple, mais il aboutit à une forme de folie pour Blanche et Laura.
Malgré tout, ces personnages s'efforcent de se raccrocher à quelque chose. Pour Princess, Blanche et Amanda, il s'agit de leurs souvenirs, car ces trois femmes d'âge mûr sont confrontées à la perte de leur jeunesse, de leur séduction et de leurs anciennes conquêtes.
Chance, Tom et Stanley tentent de préserver un espoir face à leur malaise : le cinéma et la gloire pour Chance, la vie de famille auprès de Stella pour Stanley, et pour Tom, la rupture avec sa  mère et sa soeur.
Mais dans chaque pièce, et par opposition, un personnage féminin incarne une forme de candeur. Malade, Laura se détourne de la réalité et se réfugie dans sa ménagerie de verre. Si Stella, assez naïve, s'en remet à Stanley, pour Heavenly la soumission à sa famille laisse apparaître une révolte.
Williams décortique leur psychologie, créant des ambiances très particulières, troublantes, parfois oppressantes.
Ces personnalités complexes, peuvent apparaître exaspérantes, mais, piégées dans des modèles qu'elles ne comprennent pas toujours, elles sont en proie à leurs propres contradictions ; et c'est pour cette raison qu'elles parviennent à nous toucher aussi facilement.
Le cinéma est omniprésent et j'ai beaucoup aimé le parallèle que Tom établit entre Hollywood et les spectateurs. 
" People go to the movies instead of moving ! Hollywood characters are supposed to have all the adventures for everybody in America, while everybody in America sits in a dark room and watches them have them ! Yes, until there's a war. That's when adventure becomes available to the masses ! Everyone's dish, not only Gable's! Then the people in the dark room come out of the dark room to have some adventure themselves- Goody, goody ! - It's our turn now, to go to th South Sea Islands - to make a safari - to be exotic, far-off! - But I'm not patient. I don't want to wait till then. I'm tired of the movies and I am about to move !"

J'ai trouvé très intéressant de lire ces trois pièces dans un même volume, mais s'il fallait en recommander une, je choisirais Un tramway, oeuvre emblématique de Tennessee Williams et qui reste sans doute la plus riche et la plus bouleversante.


Je tenterai sans doute la même expérience avec Une chatte sur un toit brûlant et Soudain l'été dernier.

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