(Publié le 4 Juin
2009)
Doux oiseau de
jeunesse, 1959
Chance, qui rêve de gloire et de cinéma, retourne dans la ville de son enfance, accompagné de Princess, star dont la carrière périclite. Il espère y retrouver son premier amour mais l'accueil est
particulièrement froid et hostile.
Un tramway nommé désir, 1947,10/18, 2003
A la Nouvelle Orléans, Blanche Dubois vient habiter chez sa soeur, qui avait
quitté la plantation familiale pour se marier avec Stanley Kowalsky. La
cohabitation se révèle difficile, car Blanche et Stanley éprouvent des
sentiments ambigus.
La ménagerie de
verre, 1945, 10/18, 2006, 310p.
A Saint Louis, Amanda, abandonnée par son mari, est une mère possessive qui vit
dans le regret de sa jeunesse. Elle est obsédée par l'idée de trouver un
homme qui prendra soin de sa fille Laura, dont la santé physique
et psychologique est très fragile. Elle fait supporter à son fils Tom le
poids matériel et affectif de leur situation.
A défaut
de voir ces pièces sur scène, j'ai eu envie de les lire en anglais (éditions Penguin). En français, certaines
sont publiées dans la collection "domaine étranger" des éditions
10/18.
Les personnages de Tennessee Williams sont profondément ancrés dans leur époque
mais ils sont prisonniers du poids des convenances, des apparences, des
non-dits. Ils apparaissent fragilisés, écartelés entre leurs
désirs, leurs obligations, les contraintes du temps et la pression
sociale. Ce sentiment de solitude et de frustration entraîne des
réactions de colère et de révolte, pour Chance et Tom par exemple, mais
il aboutit à une forme de folie pour Blanche et Laura.
Malgré tout, ces personnages s'efforcent de se raccrocher à
quelque chose. Pour Princess, Blanche et Amanda, il s'agit de leurs souvenirs,
car ces trois femmes d'âge mûr sont confrontées à la perte de leur jeunesse,
de leur séduction et de leurs anciennes conquêtes.
Chance, Tom et Stanley tentent de préserver un espoir face à leur
malaise : le cinéma et la gloire pour Chance, la vie de famille
auprès de Stella pour Stanley, et pour Tom, la rupture avec sa mère
et sa soeur.
Mais dans chaque pièce, et par opposition, un personnage féminin incarne une
forme de candeur. Malade, Laura se détourne de la réalité et se réfugie dans sa
ménagerie de verre. Si Stella, assez naïve, s'en remet à Stanley, pour Heavenly
la soumission à sa famille laisse apparaître une révolte.
Williams décortique leur psychologie, créant des ambiances très
particulières, troublantes, parfois oppressantes.
Ces personnalités
complexes, peuvent apparaître exaspérantes, mais, piégées dans des modèles qu'elles
ne comprennent pas toujours, elles sont en proie à leurs propres
contradictions ; et c'est pour cette raison qu'elles parviennent à nous
toucher aussi facilement.
Le cinéma est omniprésent et j'ai beaucoup aimé le parallèle que Tom
établit entre Hollywood et les spectateurs.
" People go to the movies instead of moving ! Hollywood characters are supposed
to have all the adventures for everybody in America, while everybody in America
sits in a dark room and watches them have them ! Yes, until there's a war.
That's when adventure becomes available to the masses ! Everyone's dish, not
only Gable's! Then the people in the dark room come out of the dark room to
have some adventure themselves- Goody, goody ! - It's our turn now, to go to th
South Sea Islands - to make a safari - to be exotic, far-off! - But I'm not
patient. I don't want to wait till then. I'm tired of the movies and I am about
to move !"
J'ai trouvé très intéressant de lire
ces trois pièces dans un même volume, mais s'il fallait en recommander
une, je choisirais Un tramway, oeuvre emblématique de Tennessee Williams et qui reste sans doute la plus riche et la plus
bouleversante.
Je tenterai sans doute la même expérience avec Une chatte sur un toit
brûlant et Soudain l'été dernier.
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