(Publié
le 2 Mai 2007)
Virginia Woolf, Les vagues, 1931.
Traduction de Marguerite Yourcenar (édition livre de poche, 2005).
Il est difficile de résumer Les vagues, un roman où s'entrecroisent les
monologues de six personnages, six amis (trois femmes et trois hommes). Au fil
de leurs réflexions sur leur propre vie et celles des cinq autres, le lecteur
découvre progressivement des fragments de leurs histoires, de la jeunesse à la
maturité.
Le roman se compose de neuf sections, séparées par des interludes
décrivant un paysage, une marine, où la course du soleil symbolise le temps qui
passe. Dans la dernière, à l'heure où le soleil s'est couché,
Bernard dresse « l'addition » : ses commentaires sur son
parcours et celui de ses amis (un même personnage ?)
Les personnages
Jinny est la femme « amoureuse de l'amour » qui désire être admirée.
Suzan, plus réservée, rêve d'une vie de famille. Rhoda, la femme « sans
visage », fragile et solitaire, souhaite rester discrète. Louis, l'homme
droit et rigoureux souffre de son accent australien et se sent exclu. Bernard,
le romancier invente les histoires des personnes qu'il croise. Neville, le
poète épris de liberté est amoureux de Perceval, le 7e personnage que l'on ne
connaît que par les réflexions et descriptions de ses amis. Le drame qui
le frappe à la moitié du roman bouleverse la vie des six autres
personnages.
Marguerite Yourcenar, traductrice de ce roman, offre une préface
vraiment très intéressante sur cette œuvre. Elle explique que Virginia Woolf
rejette le sujet romanesque pour s'attacher à décrire la « biographie de
l'être », plus complexe que le caractère d'un personnage façonné par les
circonstances. Elle ajoute que ce roman est « une méditation sur la
vie ».
Les vagues représentent le temps : « chaque jour arrondit la même vague de bien être, obéit au même
rythme, avance un peu plus loin sur la plage ou meurt sur le sable à l'endroit
marqué » (Bernard). Le train symbolise les étapes de l'existence,
tandis que les dîners illustrent la vie sociale.
Virginia Woolf aborde de nombreux thèmes dans ce roman,
interrogations inhérentes à la nature humaine : l'amitié et l'amour, la
jalousie, la haine et la solitude, la quête d'identité ou de sens, la futilité
de la vie et, en même temps, cet attachement profond qui nous lie à l'existence
malgré les doutes et la souffrance.
La forme du récit est originale, surprenante, mais le lecteur suit très
facilement les six personnages qui ont chacun leur propre langage et se
répondent comme en échos. Bien qu'il s'agisse de discours intérieurs, ces
monologues restent très sensibles et émouvants, remplis de poésie, d'images et
de métaphores ; les phrases éveillent tous les sens du lecteur, dessinent les
sentiments avec toute leur force ou leur fragilité. Ces
monologues gardent même une dimension intemporelle par les questions
qu'ils soulèvent. Qui n'a jamais eu, à un moment ou à un autre, un petit
discours intérieur ?
J'avais apprécié l'ambiance très particulière de Mrs Dalloway. Les vagues m'ont donné
l'impression de flotter hors du temps,
sans laisser un goût d'amertume ou de tristesse.
Ce roman est traduit par Marguerite Yourcenar... Je ne pratique pas
assez l'anglais pour avoir une opinion sur la fidélité au texte de
Virginia Woolf, mais l'écriture est tellement belle !
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